Randonnée dans le Luberon !!

En ce début novembre 2006. C'est là, que j'ai passé quatre jours de randonnée itinérante sous un soleil éclatant, en compagnie de quatorze autres cafistes. Un groupe assez homogènes et très sympa.
Une randonnée alliant grand air et culture géologique, historique et ethnologique ( ! )


Le parc naturel régional du Lubéron englobe 67 communes sur 165.000 hectares répartis sur le Vaucluse et 
les Alpes de haute Provence.

Saignons ce village haut perché s’allonge au sommet d’une colline derrière un immense rocher et domine toute la vallée. Après avoir traversé le vieux village en empruntant les calades pentues, les ruelles profondes, les passages sous rocher, on se dirige vers une fantastique forteresse naturelle creusée par les vents, percée de caves, d’escaliers, de passages secrets, de grottes. Il s’agit du célèbre rocher de Saignons qui offre un panorama superbe sur la plaine. En parcourant à pied les rues du village, on pourra admirer aussi les nombreuses places et fontaines, car les eaux abondent à Saignons, ainsi que quelques maisons anciennes aux portes remarquables.



De Saignons à Rustrel !!

Nous arrivons à Saignons, jolie village de pierre. Un pique-nique, face au soleil sur la place du moulin à huile, nous donnera un aperçu de ce qui nous attend et nous renseigne sur une des activités de la région : l’olivier et ses utilisations.

Vers 13h30, nous nous mettons en route en direction de Rustrel. Après avoir traversé quelques champs de lavande et des sous-bois, nous faisons un petit tour rapide dans les ocres et découvrons notre lieu de villégiature : Un magnifique château du XVIIème siècle, ou le gérant (personnage haut en couleur) nous accueille sur le perron. Nous saurons d’emblée que le maximum dans la cuisine est de trois pour préparer nos dîners. « La secte des bras croisés » n’est pas bienvenue non plus. Mais tout cela dans la bonne humeur.

Rémi se propose très généreusement pour faire la vaisselle ce soir (en fait, il a découvert un lave-vaisselle dans la cuisine), mais il s’en mordra les doigts : les couverts doivent être placés un par un dans un panier spécial, allongés côte à côte et triés par genre. Bref, le rangement des couverts tient du cours de yoga et prend quasiment une demi-heure.




Un peu d’histoire

Saignons, depuis la plus haute antiquité ; un ensemble d’habitations est attesté bien avant la conquête romaine.
Les rochers de Saignons servirent de refuge aux populations refoulées pendant les invasions barbares
qui se succédèrent du IIIème au IXème siècle, le rocher et le village sont fortifiés.
Au moyen âge, la cité comportait trois châteaux, et ce fief passa des mains de la famille Rambaud de Simiane à
la couronne de Provence sans pour cela que la commune ne perde ses droits sur la forteresse qui continua
fièrement à jouer son rôle naturel de "clef de défense" de la ville d’Apt. De cette ancienne place forte, il ne reste que des vestiges archéologiques (Châteaux, remparts, chemin de ronde, etc.)

Rustrel : protégé au nord par les Monts de Vaucluse qui lui offre les pentes boisées du « rond » à l’ouest et du « pointu » à l’est, Rustrel contemple le Colorado Provençal, à ses pieds, vers le sud. Depuis les âges les plus reculés les hommes ont disséminé les traces de leur séjour et de leur travail sur les 2800 hectares du territoire communal. Le territoire de Rustrel est situé à 10 km au nord-est d’Apt, sur le flanc méridional des Monts de Vaucluse. Il est arrosé par la Doa, affluent du Calavon. Le village, perché sur une colline
à 400m d’altitude domine le bassin d’Apt.
Une importante production de charbon de bois à permis l’installation de deux usines vers 1840 et le traitement du minerai de fer sur place. Vers 1880, l’exploitation intensive du massif ocrier prend le relais dans l’économie du village. Vers 1920, on comptait jusqu’à 25 chantiers qui exportaient 3 millions de tonnes d’ocre dans le monde entier. La crise des années 30, la seconde guerre mondiale et le développement des colorants chimique ont amené ses chantiers à fermer. Le dernier chantier s’est arrêté en 1990. Ce sont tous ces chantiers qui ont façonné sur près de 4 km de long ce site exceptionnel, baptisé le Colorado Provençal, pour la variété de
ses formes et ses couleurs.






Rustrel à Viens par le Colorado Provençal

Nous passons la matinée à la découverte des ocres, par des boucles dans le Colorado provençal (colorado voulant dire rouge), les cheminées des fées, le cirque de Barriès (on n’est pas déjà passé par là ? Juste là, il y a un bon coin pour pique-niquer…).

L’ocre était utilisé comme colorant, mais aussi comme « charge » pour donner du liant à des matières trop souple. C’est ce qui explique la teinte des caoutchoucs de bocaux ou des chambres. Étonnant, non ? C’est paysages d’un autre monde sont à voir absolument. L’après-midi, nous retraversons des sous-bois et des champs de lavande. Nous bénéficions d’un bon point de vue sur Gignac, haut lieu de la résistance vaudoise (après la géologie, l’histoire, nous pourrions mettre nos randos au catalogue d’Artambule !).

Nous rencontrerons un berger en transhumance, des paysages divers et variés avant d’atteindre le mamelon où se perche le village Viens. Après un arrêt à la boulangerie, nos routes se séparent pour aller soit en chambre d’hôtes à la Bergerie (le luxe) soit au Pigeonnier. Le Pigeonnier, qu’elle surprise, deux roulottes (croquignolettes) serviront de toit au plus hardis car la fraîcheur locale est de rigueur.

Les relations entre voisins Lorsque nous avons dit à Jean-Marie (le gérant de Rustrel) que nous allions au Pigeonnier, il nous a demandé si nous dormirions dans les roulottes. Nous avons été surpris, n’en n’ayant pas eu connaissance avant. Anne (la gérante de la Bergerie) Nous a demandé si nous allions manger des lasagnes et à fait quelques commentaires sur Jean-Pierre (le gérant du Pigeonnier), qui ne sait pas privé de nous dire qu’elle cumulait les revenus étant à la retraite et qu’elle n’avait pas à payer de charges sociale pour ses chambres d’hôte, contrairement au gîtes (il ne parle pas de « concurrence déloyale » et a été choqué quand on lui a dit qu’il faisait quand même « affaire » avec elle).

Bref, chacun a son avis sur l’autre. Et chacun a son petit caractère. Jean-Marie, aimant rire mais sachant se faire obéir ; Anne, plus citadine, accompagnée de ses deux filles (2 labradors) ; Jean-Marie le vrai soixante-huitard qui refuse les clients en Mercedès. D’ailleurs, Jean-Marie a aussi son petit avis sur les membres du CAF ? Dont il a fait partie jadis. Ils sont du troisième âge, profs, et hygiénistes (chacun sait que nous buvons très peu d’alcool).






Le village Viens

Perché sur un piton rocheux depuis déjà un millénaire, Viens est un village ancien qui a conservé son allure de place forte moyenâgeuse. En parcourant le village à pied on pourra découvrir les nombreux témoignages de son passé tumultueux. 
En pénétrant dans le village par la porte Sarrasine percé dans les remparts on pourra admirer sa tour à horloge et son portail. Se promener dans ses ruelles et contempler de belles demeures du XIIIème ainsi que de charmantes maisons anciennes. L’une d’elles s’appelle la maison de Monier de la Quarrée-Montauciel… Elle mérite vraiment un coup d’œil ainsi que la maison de Monier d’Arnaud. 
On peut admirer également un château Renaissance qui a subi d’importantes transformations au XIXème siècle. Depuis les abords du château une vue panoramique s’offre à nous, depuis la montée de la Pousterle on peut admirer les gorges de Lure.


Viens à Céreste par les gorges de l’Oppedette

Nous parcourons les gorges, terrain escarpé, rocailleux, cours d’eau tari, soupçon de vertige seront le lot de ce tronçon. Oppedette, petit village endormi à l’heure du repas et de la sieste, nous réservera un accueil plutôt calme.

Une âme en peine, cependant nous suivra : un petit chien qui s’ennuyant a décidé de nous suivre quoique nous fassions. Gentil le chien, mais comment s’en défaire arriver à Céreste ou il sème le trouble sur la voie publique ; où dormira-t-il ? Après consultation le bon cœur d’Alain et Jojo font qu’on le reconduira en voiture à Oppedette, plus de 10 km par les paysages que nous venions de traverser. Visions nocturnes de ce que nous avions fait la journée. Les gorges d’Oppedette sous toutes leurs formes et couleurs seront un souvenir. Le chien retrouvera son village et certain de notre groupe pourront ainsi dormir tranquilles.

Nous arrivons au centre équestre vers 18 heures. La salle est mignonne et tout le monde s’active. Rémi (le participant, pas le G.O.) allume un feu dans la grande cheminée, les hommes rapportent des tables et des chaises, les femmes préparent le repas (vous noterez au passage que le partage des tâches domestiques n’a pas beaucoup changé depuis Cro-Magnon…). Nous assaillons le gérant de demandes diverses (cuillère à soupe, bois, couvertures…), à quoi il nous répond « doucement, doucement, chaque chose en son temps… ». Nous passons enfin à table (sans les cuillères) ; il n’est pas encore 19 heures.

Le goût du pain Pendant le pique-nique (assis sur l’herbe avec vue sur les gorges d’Oppedette), Clarisse s’écrit soudain : « ah, mais c’est quoi dans mon pain ? ». Il y a en effet de petites traces noires. Béatrice et moi découvrent, aussi, des traces suspectes. Toutes les conjonctures sont proposées : moisi, cendres de cigarettes, et même… crottes de souris. Déjà que la boulangère de Viens n’est pas du tout aimable… En plus elle vend du pain pourri…




Le village d’Oppedette

Ce beau village ancien, perché sur un éperon rocheux tire son nom du latin "Oppidum celto ligure" (camp fortifié sur les hauteurs
d’un relief) sur lequel il fut édifié. Il faut absolument découvrir ce village authentique, ses ruelles calmes et ses maisons de pierre,
la vue sur les gorges impressionnantes de beauté. 
La présence de l’homme ici remonte au mésolithique. On peut accéder au belvédère qui domine l’amont des gorges,
ou l’on découvre une vue superbe de la falaise et des maisons qui surplombent le vide. 
La rivière a creusé son lit pour donner naissance à un canyon profond de 100 à 150 mètres et long de 2,5 km. N’y ruisselle
aujourd’hui qu’un modeste cours d’eau, le Calavon.

Les gorges d’Oppedette.

Le soulèvement des Monts du Vaucluse au tertiaire à correspondu à un soulèvement du relief par plissements. La petite rivière du Calavon a creusé sur son parcours les calcaires urgoniens en une gorge profonde. Ces calcaires sont des roches sédimentaires datant du crétacé inférieur (il y a 115 millions d’années) Ils sont de couleur très claire et sont fréquent en Provence. 
Les gorges du Calavon constituent un lieu de nidification pour plusieurs espèces d’oiseaux. Les pigeons ramiers sont relativement abondants. On peut voir aussi des hirondelles… Les grottes abritent des chauves-souris, dont certaines espèces sont protégées,
tel le petit Rhinolophe.


Céreste à Saignon par le grand Luberon

On attaque le « Grand Luberon » qui culmine à 1125 mètres au Mourre Negre. De là-haut on peut admirer toute la région, le Cône pelé du Ventoux, l’étang de Berre, et même… la Méditerranée ! Une partie de la descente s’avère un peu délicate : raide et instable. Nous voyons alors surgir deux motards qui y trouvent un chemin de jeu à leur goût (certaine pactise même avec l’ennemi à moteur…). Final en beauté au milieu des champs de lavande (certes, à cette saison, elle n’est plus en fleur, mais on peut l’imaginer). Et nous retrouvons notre gérant de choc au château de Rustrel.

Les chasseurs Au détour d’un mamelon, nous sommes tombés sur trois chasseurs, accompagnée de leurs chiens et de voiture tous-terrains, en train de se raconter leurs exploits : « il a bondi devant la voiture, il a filé à ma gauche, je n’ai pas eu le temps de… ». Intéressés, nous nous approchons pour savoir de quel gibier fantastique il peut s’agir. Finalement, il s’avère que c’est un lapin qui les émeut tant. Ah, le sud…




Roussillon et ses Ocres

Après tous ces villages typiques et les ocres de Rustrel, Roussillon ne nous impressionne plus vraiment. En plus, les rares boutiques ouvertes ce matin pratiquent des prix de parisiens. Le tourisme n’a pas que de bons côtés… Retour à Orléans par « l’autoroute du nord », comme dit Jean-Marie, sous le soleil. On serait bien restés plus longtemps.

Le village Roussillon

Posé face au Luberon, au pied des plateaux des Monts de Vaucluse, le village scintillant sous une lumière toute ocrée
 est entouré de somptueux paysages. En parcourant ses ruelles et ses escaliers, en contemplant ses façades,
souvent simple et naturellement belles, on admire le résultat du savoir-faire plus que millénaire de ses habitants. Classé parmi
les plus beaux villages de France, Roussillon clame sa singularité minérale par une étonnante
palette de couleurs flamboyantes.

Utilisation des Ocres

Techniquement parlant, ce sont des oxydes mélangés à de l’argile, du sable ou de la terre, qui s’étirent en des
veines sinueuses, s’exposant à la vue dans les collines de Roussillon ou s’enfonçant sous terre autour d’Apt
(où on allait les chercher par d’interminables galeries). 
L’utilisation des ocres remonte à la haute antiquité et sert à colorer les premières poteries, à faire les premiers dessins muraux
ou encore à se maquiller ou à accomplir des rites religieux. L’arrivée des Romains donne lieu à une
exploitation industrielle, arrêtée avec la chute de l’empire. 
Curieusement alors, l’utilisation du capital de couleur est pratiquement perdue et il faut attendre la fin du XVIIIème siècle pour que Jean-Étienne Astiers en redécouvre les vertus et les fasse connaître au Marseillais d’abord.


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